Les Facéties du sapeur Camenber constituent une des œuvres fondatrices de la bande-dessinée. Son auteur, Marie-Louis-Georges Colomb, surnommé Christophe pour d’évidentes raisons, est né à Lure, en Haute-Saône, en 1856. Fils du principal du collège de la ville, Christophe fera de brillantes études à Besançon, Lille puis Paris. Bachelier ès Lettres à 16 ans puis ès Sciences à 18, il entre à l’Ecole Normale Supérieure en 1878. Il décrochera une licence de Mathématiques, une autre de Sciences Physiques et une troisième de Sciences Naturelles. Devenu professeur, il obtiendra un doctorat de Sciences Naturelles en 1887.
Mais l’enseignement et les études ne semblent pas lui suffire puisque cette même année 1887, il fait paraître les premières planches de ce que l’on ne nomme pas encore la bande-dessinée, L’Histoire drolatique de maître Pierre,dans Mon journal, un mensuel pour enfants. C’est le début d’une carrière d’illustrateur qui le conduit à créer les personnages devenus emblématiques de la Famille Fenouillard (1889), du savant Cosinus (1893), de Plick et Plock (1893).
De 1890 à 1896, il fait paraître en 55 feuilletons dans Le Petit Français illustré, journal des écoliers et des écolières, Les Facéties du sapeur Camenber, qui mettent en scène les aventures absurdes d’un soldat illettré et un peu simplet, évoluant au milieu des personnages récurrents que sont le major Eusèbe Mauve, le capitaine Brizard, les sergents Bitur et Briquemol, son ami le soldat Cancrelat, et Mademoiselle Victoire, bonne et cuisinière du colonel, que Camenber finira par épouser. Au-delà d’une satire bon enfant, Christophe nous offre les modestes aventures et mésaventures quotidiennes d’un petit monde attachant et aujourd’hui disparu.
Touche à tout génial, Christophe, qui est resté attaché à son métier de professeur, est aussi l’auteur d’une trentaine d’ouvrages pédagogiques destinés tant aux élèves qu’au futurs enseignants, et de plusieurs travaux consacrés à la conquête des Gaules par César et à la localisation du site d’Alésia. Décidément précurseur, il animera des émissions radiophoniques de vulgarisation scientifique, et ce dès la naissance de ce nouveau media, dans les années 20.
Réfugié avec sa famille à Nyons, dans la Drôme, durant la Seconde Guerre mondiale, Christophe y décède dans les premiers jours du mois de janvier 1945.